Johann Milh vu/e par Paul Bernard
La répétition d’une croix composée de quelques aplats colorés soigneusement délimités. Une abstraction léchée, efficace, presqu’un logo. Il n’en n’est rien cependant. Un léger plissement des yeux nous fera comprendre que la croix figure l’intersection de deux sillons, laissant entrevoir les arrêtes de quatre cubes. Berlin 2006 (2007) est en réalité une vue du mémorial de l’holocauste allemand conçu par Peter Eisenman et composé de centaines de stèles en béton. Un monument qui s’éprouve par la déambulation, une expérience, physique plus que visuelle, que l’artiste rejoue dans l’espace circonscrit de la peinture. Abstraire, cadrer, réduire pour aboutir finalement à un motif qui sera soumis aux déplacements et à la variation.
Un processus que l’on retrouve dans la série la plus récente, Disaster of the Week (2011). Répétées sur plusieurs toiles, des feuilles de palmiers se détachent sur un fond coloré façon Tropicalia. Les fragments d’un décor susceptible d’accueillir mille fantasmes, se manifestent soudainement au premier plan. Au sein de la série, comme pour bousculer la variation, brouiller un peu plus les cartes, on trouve Centrale, le ...
