Laurie-Anne Estaque vu/e par Olivier Cadiot
Laurie-Anne Estaque
On peut entrer dans l’œuvre de Laurie-Anne Estaque par une carte postale, un fragment de tissu brodé, une grande carte ou une caravane de parpaings. Ce n’est pas le même voyage. Si l’on commence par le petit bout de la lorgnette, on observera dans une sorte de vitrine — même si c’est à l’air libre —, des collections de logos abandonnés. On s’attendrit presque devant ces orphelins arrachés à leur contexte. Une entreprise, c’est une vraie famille. Petits fétiches comiques, crocodiles rabougris, blasons absurdes, enseignes tristes, devises démodées, voilà ce qu’il reste de nos totems. C’est comme si l’artiste nous dévoilait du même coup la vieillesse et l’enfance des marques. C’est un Je me souviens de maintenant… pour plus tard. Un trésor sorti posément d’une décharge — on devrait envoyer cette collection dans l’espace, scellée dans une boîte hermétique.
Les grandes marques redeviennent des bébés démunis, nuls si découverts — comme l’annonce le titre d’une série de broderies reproduisant des jeux à ...
