Pierre Clement vu/e par Ingrid Luquet-Gad

Pierre Clement n'invente pas d'images : il matérialise celles qui sont déjà là. Tapies aux confins du visible, ces images, nous ne les voyons pas, ou plus, alors mêmes qu'elles charpentent le monde que nous habitons. En ceci, il prend acte d'une mutation rampante, dont les effets sont ressentis par tous ; la cause, elle, restant le plus souvent ignorée – refoulée, peut-être. Indéniablement, le réel paraît, à nous contemporains, de plus en plus abstrait, crypté, codé. On peut s'y arrêter, ou alors s'aventurer à épeler en toutes lettres le constat qui s'ensuit : à force de vouloir optimiser le réel, nous avons perdu le contrôle du faisceau d'outils technologiques et pharmaceutiques déployés à cette fin.

 

Chaque atome, chaque molécule est altérée, inextricablement mêlée d'organique et de synthétique ; de même que toute réalité matérielle, synthétique et psychique, est en passe de pouvoir être reproduite, et produite. Mais le sens manque : tant l'orientation à donner à ces moyens, un arsenal que le philosophe Peter Sloterdijk nomme «anthropotechnique»1, que ...

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